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Anna. It's late. I think I'd better go. I will be back tomorrow. » Stan leva ses yeux vers elle, tout d'orange vêtue. Écrasant mollement sa main contre son visage, il termina le chemin de celle-ci dans ses cheveux ébouriffés, soupirant une énième fois. Parce qu'il y avait ce silence lourd et pesant, mais surtout qu'elle avait ce regard vide et cerné. Réajustant le porte bébé qu'il avait contre son torse, il s'en alla. Anna, c'était la mère de l'enfant, mais surtout une jeune femme qu'il avait connu à la pharmacie un soir. Une jolie rousse au fort accent anglais. Un soir, un petit déjeuner et sa photo aux infos en tant que criminelle recherchée. Neuf mois, une condamnation à mort, Albane était là.
C'est ainsi que l'enfant ne sut jamais rien sur sa mère, il enjoliva la vérité. Et au moindre signe de ressemblance à sa génitrice, le pauvre père s'inquiéta, allant voir une psychiatre. «
Elle a arraché la tête de sa poupée, je dois m'inquiéter ? » Parce que malgré que Stan Gallagher soit un jeune homme aux expressions faciales bovines, il restait quelqu'un sur qui la paternité était tombée, sans préavis, ni négociations. Caissier dans un supermarché, il était quelqu'un à la vie simple dont l'événement majeur était cette folle histoire ayant pour résultat Albane.
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Le bracelet en or je te le fais à... 20 CHF. Je suis dans un jour de grande générosité, profite. » La jeune femme secoua la tête, se mordant la lèvre inférieure ne disant pas un mot. Ça faisait une vingtaine de minutes qu'ils se battaient sur le prix de ce bracelet et qu'elle refusait à chaque fois ses prix, agacée de se faire toujours avoir. «
Tu sais très bien qu'il vaut au moins 150 CHF, j'en ai marre que tu te fasses de l'argent sur mon dos. Je te signal que faire semblant d'être baby-sitter pour faire les boîtes à bijoux des clientes m'amuse pas. Soit t'augmente, soit je vais voir ailleurs. » L'homme renifla bruyamment, passant un tissus sur son crâne pour essuyer la sueur, l'arrière boutique ne bénéficiant d'aucun filet d'air. Premiers petits crimes d'une jeune fille de vingt ans, désespérée de trouver de quoi se nourrir, ayant abandonné il y a longtemps après seulement quelques mois des études généreusement offertes par son géniteur.
Crocheter une serrure, arborer un large sourire, prendre un nom dans l'annuaire, se présenter chez un jeune couple, dire à quel point elle aimait les enfants pour revenir le samedi soir pour garder la progéniture. Puis une fois ses poches pleines, elle allait à l'arrière de cette boutique, déposait le tout sur la table et essayait d'extraire les meilleurs prix. Et le soir lorsqu'elle revenait dans son quartier, les petits caïds s'amusaient à lui lancer des noisettes dessus, parfois des noix ou des amandes selon l'humeur. «
HÉ. HÉ. L'ÉCUREUIL. »
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Mais un soir fut différent, elle ne rentra pas à pied, n'eut pas à gueuler après les petits cons ni à leur balancer les noix qu'elle s'était prise en pleine tête tout en jurant pour finir par rentrer en courant chez elle. Abel, un de ces voisins, une sorte de faux riche la ramena à moto. Arrivés devant chez lui, il râla, grommela, il avait perdu ses clefs. Alors, comme pour le remercier, elle décida de crocheter sa serrure, mettre au service des autres ce qui lui servait d'habitude à voler. Et étrangement, on peut dire que ce simple geste la conduit jusque dans les filets du Grand Gang de Genève. La première rencontre avec la seconde tête pensante du gang fut quelque peu mouvementée. Il était évidemment déjà bien alcoolisé et lorsqu'elle parla d'avoir crocheté sa serrure, son esprit mal placé vînt déformé la conversation.
C'est ainsi qu'elle entra dans le gang, faisant la connaissance de nombreuses personnes. Pas la peine d'énumérer les années passées là-bas avec eux, car l'événement le plus important, le plus flagrant, fut bel et bien la trahison d'Abel. Albane vaquait à ses occupations lorsqu'on vînt lui rapporter d'étranges rumeurs. «
Une trahison ? Vous êtes déjà bourrés ? Il est à peine midi. » Mais la rumeur enfla et plus on en parlait, plus la jeune femme doutait, commençant à doucement cesser d'être naïve. Elle ne fut que spectatrice à l'événement comme beaucoup de personnes, témoin d'un déchirement.
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La manière dont elle devint Shiyo fut de la plus innocente possible à vraie dire. Ce n'était ni calculé, ni machiné. Rare geste d'Ethan que d'offrir un cadeau à quelqu'un. Les répercutions furent douces comparé aux autres victimes, la jeune femme fit parti des chanceuses à vrai dire. Des douleurs musculaires, des saignements du nez incessant, rien de plus violent. Et puis un matin, ce fût, la révélation. Ainsi l'engrenage se déclencha, nouvelle situation, nouveau gang, que de nouveautés.